
Eric Cornuz
L’Aéroport International de Genève (ci-après « AIG ») est au cœur de discussions et de débats réguliers et souvent passionnés au sein du Conseil municipal de Meyrin. Il est aussi très présent dans l’esprit de tous les habitants riverains, y compris dans les autres communes du Grand Genève. Deux raisons principales à cela : la consultation publique sur la fiche PSIA (Plan Sectoriel d’Infrastructure Aéronautique), et le dépôt, en juin 2017, de l’initiative populaire « pour un pilotage démocratique de l’aéroport » (IN 163), munie de 14’400 signatures récoltées par la « Coordination régionale pour un aéroport urbain, respectueux de la population et de l’environnement » (CARPE).
Pour rappel, le Conseil d’Etat a validé cette initiative mais a proposé au Grand Conseil de rejeter le texte sans contreprojet sous prétexte que les mesures préconisées « sont déjà appliquées par le Conseil d’Etat et que les contraintes administratives sont inutiles ». La population genevoise sera amenée à se prononcer sur ce texte lors d’une prochaine votation dont la date doit encore être fixée. Il n’en demeure pas moins que si plus de 14’000 riverains estiment nécessaire de renforcer des mesures de contraintes pour faire respecter les limitations de nuisances par l’aéroport, il faut comprendre que ces mesures sont tout sauf inutiles.
De même, le processus de consultation en cours sur la fiche PSIA met en lumière un développement irresponsable de l’aéroport et une absence de volonté des autorités fédérales de limiter ce développement et les atteintes à la santé dont sont victimes l’ensemble des riverains.
Certes, l’aéroport contribue à la prospérité et au dynamisme de notre région. Il crée des emplois et représente un instrument stratégique pour les échanges internationaux dans notre système économique globalisé. Cet avantage est toutefois largement contrebalancé par les conséquences négatives de ce développement non maîtrisé de l’aéroport, comme l’a bien relevé la conférence-débat organisée par la CARPE à Meyrin le 7 décembre dernier. Sommes-nous seulement conscients des coûts exorbitants pour la santé publique et l’environnement de nos déplacements en avion ou de l’achat des produits manufacturés à l’autre bout du monde et transportés par voie aérienne ? Les avions ont un impact considérable sur notre santé. Les nuisances sonores perturbent notre sommeil, ont un impact sur la capacité de concentration et d’apprentissage des écoliers. La pollution de l’air autour de l’aéroport ne fait qu’augmenter et contribue ainsi au développement de maladies pulmonaires.
Plusieurs associations regroupant des riverains de l’aéroport, des partis politiques et même des particuliers ont saisi l’occasion qui leur était donnée d’exprimer leurs inquiétudes, leurs constats et leur opposition au développement de l’aéroport tel que planifié dans la fiche PSIA. Les Verts de Meyrin-Cointrin ont eux aussi adressé à l’Office Fédéral de l’Aviation Civile (OFAC) leur préavis négatif et demandent, à l’instar de toutes les autres associations et de nombreux particuliers, que cette fiche PSIA soit revue en profondeur en tenant compte des remarques exprimées avant d’être validée par le Conseil fédéral.
Le Conseil municipal meyrinois s’est déjà exprimé à plusieurs reprises demandant au Conseil d’Etat et à travers lui au Conseil fédéral d’adopter des limites contraignantes afin de renforcer la protection des riverains de l’aéroport. Dans sa séance du 13 mars, il se prononcera à nouveau sur la fiche PSIA après avoir pris connaissance de toutes les prises de position de la société civile. Nul doute qu’il la préavisera négativement.