Plébiscité il y a 10 ans le lac des Vernes se concrétise
Dix ans après avoir été plébiscité en votation communale, le lac des Vernes peut enfin être réalisé et la volonté populaire respectée.
Ne demandez pas à d’anciens conseillers municipaux de vous raconter les péripéties du lac des Vernes, cela va vous prendre des heures tant cette saga a été ponctuée de rebondissements, de projets et de contre-projets, de pas en avant, de pas en arrière. Les lieux de l’action sont multiples: d’un terrain agricole, on est passé au terrain politique, puis juridique pour revenir enfin à la table des négociations dès 2012.
Histoire d’eau
D’abord il s’agissait d’une simple histoire d’eau. Afin de se mettre en conformité avec la loi fédérale sur la protection des eaux, la Commune de Meyrin réalise depuis de nombreuse années d’importants travaux d’assainissements, qui consistent à séparer les eaux « claires » (eau de pluie) des eaux « usées » (toilettes, cuisines, salle de bain, etc.) Les premières peuvent être rejetées directement dans le milieu naturel en l’occurrence le Nant d’Avril, alors que les deuxièmes doivent être dépolluées dans une station d’épuration avant de rejoindre le Rhône. Ces travaux d’assainissements sont indispensables à la santé des êtres humains, des animaux et des plantes, mais sont fort coûteux. La mise en réseau séparatif représente pour Meyrin une tâche plus importante que pour d’autres communes et ceci pour deux raisons évidentes, la première c’est que la ville de Meyrin a peu de possibilités d’infiltration directe des eaux et que le cours d’eau qui peut réceptionner les eaux non polluées meyrinoises, le Nant d’Avril, ne traverse pas directement la commune, mais se trouve à sa périphérie.
Le 22 juin 2012, la galerie centrale d’évacuation des eaux claires, longue de plus de deux kilomètres, était inaugurée en grande pompe, mais avec un bémol certain, puisqu’elle ne peut pas entrer en service tant que le dernier maillon fait défaut. Eaux claires et eaux usées continuent donc jusqu’à aujourd’hui, à être envoyées dans un réseau unitaire soit à la station d’épuration (STEP), soit, ce qui est très grave, directement dans le milieu naturel. Le maillon manquant c’est le lac des Vernes qui doit permettre de retenir provisoirement les eaux claires lors des fortes précipitations, qui sont de plus en plus fréquentes, et ainsi d’éviter des dégâts importants aux berges du Nant d’Avril.
Imbroglio politico-économico-juridico-pas rigolo
Le projet du lac des Vernes, conçu comme lac de rétention permettant de réguler le débit de la rivière du Nant d’Avril tout en offrant aux habitants un espace de détente, de promenade, de découverte de la nature, a bientôt 20 ans. Il a d’abord séduit une large majorité des élus meyrinois, puis il a fait l’objet de disputes politiques, différents projets et contre-projets lui étant opposés. Alors que les élus n’arrivaient pas à se mettre d’accord, les partis de l’Alternative (Verts, Socialistes et Alliance de Gauche) ont lancé successivement un référendum et une initiative afin que les électrices et électeurs meyrinois puissent trancher et mettre un terme à ces tergiversations. Le 13 juin 2004, l’initiative pour le lac des Vernes était adoptée en votation populaire. Le journal Meyrin-Ensemble de l’été 2004 titrait: « Les Meyrinois plébiscitent le lac », mais avertissait « … le premier coup de pioche ne pourra sans doute pas être donné avant trois ans. » Il en faudra dix ( si tout va bien). Le vote très clair des Meyrinois et le soutien de l’État de Genève au lac des Vernes ont permis de poursuivre le chantier de la galerie d’évacuation des eaux non polluées. Ces travaux devaient arriver à terme en même temps que le lac des Vernes. Toutefois, les négociations difficiles autour de l’acquisition des terrains ont reporté d’année en année la réalisation du lac et ce n’est que l’an dernier, une année après la fin des travaux de la galerie, que les négociations permettant à la Commune d’acquérir les terrains du lac ont abouti. Une nouvelle page de l’histoire du lac des Vernes s’ouvrait.
Le lac des Vernes plus grand, plus beau
Pendant dix ans, tandis que les juristes s’étripaient autour du prix du terrain, les ingénieurs peaufinaient le projet. Depuis 2004, sur demande des services de l’État de Genève,la surface du lac a presque doublé. Les digues hautes de 5 mètres prévues initialement ont disparu. Le lac des Vernes s’est considérablement amélioré devenant un véritable biotope qui a désormais le soutien des instances cantonales aussi bien que des associations de défense de l’environnement. Le lac des Vernes démontre que Meyrin ne se préoccupe pas seulement de créer de nouveaux logements pour nos enfants et petits-enfants, mais se soucie également de préserver un cadre de vie et des espaces naturels de qualité où tous les habitants, actuels et futurs, pourront se ressourcer. Les travaux du lac des Vernes se feront en parallèle de ceux de l’écoquartier des Vergers. Toutes les synergies permettant de faire des économies seront exploitées. Le concept énergétique du quartier des Vergers est dépendant de la réalisation du lac. Il est prévu de livrer de la chaleur aux premiers habitants des Vergers en 2016, en même temps que la fin des travaux du lac des Vernes. La longue histoire du lac des Vernes pourra ainsi déboucher sur un « happy end ».
Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif, juin 2014