Editorial de la « Feuille verte », juin 2014

Le monde actuel est inquiétant et l’avenir semble incertain. La peur gagne du terrain. Les conflits en Ukraine et au Moyen Orient pourraient avoir des répercussions chez nous, notamment sur notre approvisionnement énergétique. Les changements climatiques ne sont plus une prévision du temps à long terme, mais déjà une réalité. Ils accentuent déjà dangereusement les crises dans le monde. Les grandes et moyennes puissances n’apportent aucune réponse crédible. Dès lors, nombreux sont ceux qui sont tentés par une politique de repli national.

À l’issue des élections européennes et après quelques votations en Suisse, ces nouvelles forces en Suisse et en Europe semblent avoir le vent en poupe et se montrent de plus en plus arrogantes. En Suisse, leur discours consiste à prôner l’isolement, à tourner le dos à la coopération internationale, à nos relations avec l’Europe et faire croire qu’ainsi la tempête pourrait nous épargner. Il est souvent accompagné d’invectives du genre « Y en a marre », « Halte à … » et « Il n’y a qu’à …». Ce discours désigne évidemment les responsables de nos malheurs. Qui donc sont-ils ? Les milliardaires ? Les multinationales ? Les détenteurs réels du pouvoir économique et financier ? Mais pas du tout, ce sont les frontaliers, les réfugiés, les mendiants ! Bref, des gens comme vous et moi sans grand pouvoir. De tous temps, la petite Genève enclavée a vécu de ses échanges avec son arrière-pays, avec la France voisine et ses habitants. De tout temps, l’économie genevoise a bénéficié de l’apport précieux de réfugiés et d’immigrés. De tout temps, Genève a connu des mendiants. Au fil des siècles, ils n’ont fait que se déplacer des parvis des églises vers ceux des centres commerciaux. En revanche, ces messages répétés de fermeture mettent en péril nos relations avec l’extérieur ce qui n’est pas sans conséquences sur l’avenir de nos entreprises et donc sur l’emploi. Il est sans doute plus facile de s’en prendre aux migrants que de négocier de meilleures conditions salariales. Il est certainement plus facile aussi de pestiférer contre les frontaliers, plutôt que de mettre en place une vraie politique de mobilité pour l’avenir de Genève. Le chef du MCG meyrinois annonce dans « le Courrier » du 24 mai que son parti « va exploser la baraque » à Meyrin. Il est plus facile de détruire que de construire. Il est plus facile de semer un vent de panique depuis son chalet que de construire l’amitié et la solidarité entre tous le habitants de son immeuble. Les discours agressifs ont toujours fini par entraîner le monde dans le désastre.

L’esprit de Meyrin
Meyrin n’a pas besoin de gens qui sèment la discorde, mais de gens qui croient en l’avenir et s’engagent résolument. Meyrin a besoin de citoyennes et de citoyens solidaires qui ne sont pas paralysés par l’inquiétude de l’avenir ou guidés par le rejet de l’autre, mais qui sont convaincus que nous pouvons améliorer notre cadre de vie et déterminés à y contribuer avec toutes les personnes de bonne volonté. Meyrin a besoin de collaborer avec les autres pour améliorer la situation de tous. Meyrin a besoin de personnes qui adoptent une attitude responsable, positive, courageuse, créative, constructive et coopérative. Ces personnes merveilleuses existent à Meyrin. Ce sont elles qui font Meyrin, qui incarnent l’esprit de Meyrin, à travers l’entraide entre voisines et voisins, le bénévolat associatif ou privé, ce sont elles qui font que, malgré les turbulences que traverse l’ensemble de la planète, il fasse tout de même bon vivre à Meyrin.

Logement: Ce n’est pas en explosant la baraque qu’on construit des appartements
Nous le vivons aujourd’hui au quotidien, des centaines de personnes travaillent avec acharnement à la construction du quartier des Vergers. Cet énorme projet nécessite une véritable collaboration, une volonté de dialogue et de dépasser les nombreux obstacles. Il s’agit d’une co-construction impliquant d’innombrables acteurs allant des propriétaires de terrain aux futurs habitants, de l’Etat de Genève avec son administration tentaculaire à la Commune de Meyrin avec sa petite équipe motivée de collaborateurs, du promoteur au maçon en passant par les architectes et les ingénieurs. Dans cette concertation obligatoire, les « Halte à …. » et les « Y a qu’à…. » n’ont pas leur place.

Sécurité: Ce n’est pas en mettant de l’huile sur le feu qu’on éteint un incendie
La sécurité s’améliore à Meyrin depuis deux ans. Cette amélioration est notamment due à la collaboration étroite entre une police municipale renforcée, la gendarmerie cantonale, les garde-frontières et la police des transports, mais aussi aux échanges avec la police française, aux rencontres avec les habitants, les régies, les concierges, les agents de sécurité privés et les entreprises. Ceci nécessite un engagement considérable de tous les agents de la Police municipale, une collaboration constructive et concertée et une présence régulière sur le terrain. Aide et solidarité envers les victimes, détermination et engagement dans la poursuite des malfrats sont les lignes directrices qui fondent les actions de sécurité publique à Meyrin.

Emploi: Ce n’est pas en fermant des portes qu’on arrive à s’en sortir
Longtemps, Meyrin s’est peu intéressée à ses entreprises et à ses zones industrielles. C’est en passe de changer. Pour la deuxième année consécutive, la Commune a réuni, le 27 mai dernier, ses entreprises dans le cadre du « Meyrin Economic Forum » pour développer des synergies, trouver des solutions communes aux problèmes d’infrastructures, de mobilité, de sécurité, pour transformer ces zones peu accueillantes en écoparcs attractifs. En parallèle, l’Antenne Objectif Emploi de la Commune de Meyrin s’emploie à tisser des liens avec ces entreprises et à faciliter la recherche d’emploi de nos concitoyens. Ces démarches ne sont certes pas spectaculaires, mais elles sont concrètes et réelles. Elles ne se font pas en mode déclamatoire, mais en mode action.

Confiance et détermination
Aujourd’hui, Meyrin s’engage, Meyrin avance, Meyrin a dépassé les blocages du passé et peut construire l’avenir avec confiance. Certes, ceci demande aujourd’hui un investissement considérable en temps et en argent. Nous devons cet engagement à nos enfants et petits-enfants. C’est de leur avenir qu’il s’agit !

Pierre-Alain Tschudi, conseiller administratif, juin 2014