
1er Août 2024 – Citoyenneté, Solidarité et Espoir

Eric Cornuz
Maire de Meyrin
Mesdames et Messieurs,
La première fois que je suis monté sur ce pupitre aux couleurs meyrinoises, genevoises et suisses, c’était il y a tout juste 10 ans, le 1er août 2014. Pas en tant que maire, mais en tant que Président du Conseil municipal, le rôle de 1er Citoyen de Meyrin, chargé traditionnellement de lire le pacte fondateur de la Suisse établi sur la Plaine du Grütli en 1291. Je me souviens alors que la personne chargée de l’organisation de l’une des principales fêtes communales meyrinoises, m’avait glissé avec un clin d’œil les mots suivants : « Eh, pas trop long le discours, hein ?… »
Très honnêtement à ce moment-là, je ne savais pas si j’allais pouvoir lui donner satisfaction. Mais ce souvenir que je conserve désormais avec le sourire, me permet de débuter mon message avec autre immense clin d’œil.
Généralement, on garde le meilleur pour la fin dans les prises de paroles officielles. Il s’agit notamment d’avoir une pensée, pour les personnes à qui l’on souhaite rendre hommage ou auxquelles on désire exprimer notre gratitude. Et donc, une fois n’est pas coutume, je débuterai ce discours par des remerciements. Une manifestation de cette ampleur représente une importante quantité d’heures de travail en amont, mobilisant des dizaines pour ne pas dire plusieurs centaines de personnes de l’administration et de la société civile.
Au nom du Conseil administratif et avec mes 2 collègues Nathalie Leuenberger et Laurent Tremblet ici présent.e.s, je vous demande d’adresser vos chaleureux applaudissements aux collaboratrices et collaborateurs de la Ville de Meyrin, dans les services de la sécurité municipale, de l’environnement, de la culture et de la communication et affaires économiques, impliqué.e.s depuis de nombreuses semaines pour faire de ce moment officiel et festif un moment qui, nous l’espérons, vous apportera joie et satisfaction. Vous pouvez les applaudir s’il vous plaît.
Je salue également et les remercie pour leur présence, les anciens maires de Meyrin et leurs proches, mais aussi la Maire de Bardonnex qui a eu la bonne idée de célébrer le 1er Août hier soir dans sa commune afin de pouvoir nous rejoindre ce soir à Meyrin. Bienvenue !
J’aimerais également saluer ici la mémoire de 2 Conseillers municipaux décédés en fonction au cours de cette année, Messieurs Pierre-Henri Willi et Faruk Osmani, et remercier ici pour leur engagement citoyen les Conseillère et Conseillers municipaux qui ont renoncé à leur mandat politiques dans les derniers mois, à savoir Madame Sanida Husanovic et MM. Pierre Boccard, Etienne Froideveaux, Sébastien Lorentz et Alessandro Scandura.
J’ai appris de nombreuses choses durant ces 4 dernières années de mandat de Conseiller administratif. Notamment quand il s’agit d’adresser un message lors d’une cérémonie officielle ou une manifestation comme celle-ci. En politique, comme dans beaucoup de domaines d’ailleurs, l’une des clés du succès se trouve dans une communication claire et efficace. Je vais tenter de mettre en application ces principes de communication sous l’œil attentif et avisé de mon conseiller en la matière. Je ne vais toutefois et sans doute pas respecter les recommandations reçues à cette même date il y a 10 ans, étant donné que c’est la dernière fois que j’ai l’occasion de m’exprimer à cette tribune, dans le rôle du maire de cette commune en tout cas, et je compte donc bien en profiter pour aborder mes 3 messages-clé aux meyrinoises et meyrinois.
Tout d’abord la Citoyenneté
Vous savez sans doute que les autorités municipales seront renouvelées en 2025. Chacun-e a un rôle à jouer, soit en se portant candidat-e, soit en choisissant celles et ceux qui représenteront la population meyrinoise pour prendre les décisions politiques communales pendant les 5 prochaines années. Mais attention, pour bien choisir, il faut bien connaître. Questionnez les candidat-e-s sur leurs parcours de vie, leurs valeurs, leurs priorités et sur comment ils et elles comptent les déployer dans leur mandat d’élu-e-s.
L’expression de la citoyenneté, ce n’est pas seulement élire ou être élu.e. Cela passe bien évidemment aussi par l’engagement dans ce que l’on appelle la société civile. J’ai ici l’occasion de rappeler que notre commune comprend un vaste réseau de plus d’une centaine d’associations communales, et autant de comités de gestion qui s’engagent bénévolement mais aussi activement pour proposer une grande variété d’activités sportives, culturelles, militantes et solidaires. Une collectivité publique comme la Commune de Meyrin n’aurait pas la possibilité de proposer à elle seule autant de loisirs pour toutes les générations présentes ou en visite à Meyrin, sans ce relais indispensable et extraordinaire qui nous est offert par cette communauté de bénévoles. Le Conseil administratif de Meyrin adresse à l’ensemble de ses personnes engagées, notamment dans les différents stands de nourriture ou d’animation sur cette esplanade de fête, son message de profonde reconnaissance. Qu’ils et elles en soient chaleureusement remercié.e.s !
Bien entendu, pour garantir le bon fonctionnement de cette valeur citoyenne, il ne faut pas oublier la variété des outils citoyens qui existent à Meyrin et dans toute la Suisse, pour certains d’entre eux depuis déjà 150 ans. Régulièrement, et encore plus ces dernières semaines à Meyrin, il nous est rappelé que les droits d’initiative et de référendum sont des outils qui garantissent que nos communes, nos cantons ou notre Etat fédéral ont chacune à leur niveau pour souverain le peuple, et que ce dernier peut avoir le dernier mot s’il le juge nécessaire.
Nombre d’outils ont été inventés, développés et exploités depuis la nuit des temps, toujours dans l’intention d’améliorer le quotidien de l’Humanité. N’oublions pas ici que le meilleur ou le plus utile des outils démocratiques placés entre nos mains peut hélas aussi être utilisé de manière inadéquate, notamment en utilisant des propos fallacieux, avec parfois pour résultat de n’améliorer le quotidien ou de ne satisfaire les intérêts que d’un seul petit groupe au détriment du plus grand nombre.
Dès lors, il est de notre responsabilité à toutes et tous de veiller au bon usage de ces outils citoyens, afin d’éviter que leur utilisation ne se retourne contre nous, et il nous faut aussi lutter contre les personnes qui seraient tentés de le faire dans un intérêt personnel, bien souvent égoïste ou revanchard. Au moment d’utiliser les droits citoyens qui vous sont garantis par les lois ou la Constitution, vous pouvez bien sûr utiliser votre cœur, mais ne négligez pas pour autant la raison et le bon sens qui font de nous des êtres dotés de raison et d’intelligence.
On vous a peut-être déjà demandé, au hasard d’une discussion, quel serait le défaut de l’humanité que vous feriez disparaître si vous en aviez le pouvoir. Pour ma part, j’ai toujours eu pour habitude de répondre, sans trop hésiter, que l’origine de nombreux maux de notre société c’est justement ce sentiment d’égoïsme. Après plus de 20 années d’engagement politique et pas loin de 30 ans de militantisme associatif, malgré mes efforts, je n’ai toujours pas trouvé cette fameuse baguette magique qui me permettrait de concrétiser ce magnifique rêve d’un monde sans égoïsme.
Alors plutôt que d’espérer vainement de voir apparaître un beau jour cette miraculeuse baguette, j’ai beaucoup réfléchi sur l’alternative un peu moins magique et un peu plus concrète qui nous permettrait de vaincre l’égoïsme. Quand un défaut déséquilibre le bien-être global, quand il attaque le bien-vivre-ensemble, il faut lui opposer une valeur forte. Cette valeur, c’est celle de la solidarité.
Solidarité
A Meyrin, comme dans le reste de la Suisse ou le reste du monde, les inégalités continuent de se creuser. Le fossé entre les personnes qui sont forcées de faire des choix difficiles pour survivre, et les personnes qui ne connaissent rien de ce combat quotidien alors qu’ils disposent des ressources pour changer la donne, est de plus en plus profond. La Commune de Meyrin engage l’ensemble de ses services pour apporter soutien, aide et réconfort pour toutes celles et tous ceux qui luttent au quotidien pour leur survie financière, alimentaire ou sanitaire, et bien souvent avec l’aide précieuse et indispensable de la société civile à laquelle je viens de rendre hommage.
A tous les échelons de notre société, Commune, Ville, Village, Canton, Région, Pays, les collectivités publiques prennent au quotidien des décisions qui ont un impact décisif sur le bien-être des habitant.e.s présent.e.s sur leurs territoire respectifs. Et s’assurer que chaque individu, chaque groupe familial, quel que soit son origine ou son statut, ait la garantie de bénéficier de conditions d’existence dignes et sécurisées, dans un environnement protégé et durable, c’est un devoir sacré devant lequel aucune collectivité publique, quelle que soit sa couleur politique, ne devrait se dérober.
De même, stigmatiser une tranche de la population ou une autre selon son appartenance ethnique ou ses préférences politiques, spirituelles ou religieuses, ne fait que nourrir le sentiment de peur, de colère, de haine et finalement de souffrance pour l’ensemble de la population.
Dernier message-clé, l’espoir
Quel que soit le résultat des prochaines échéances politiques, votations ou élections, j’exprime le souhait et l’espoir durable que Meyrin reste la commune du bien-vivre-ensemble que j’ai aimé depuis que j’y vis. J’ai aussi l’espoir que l’ensemble des citoyennes et des citoyens de cette commune gardent cette ouverture sur le reste du monde et sa belle et riche diversité, même si le destin du concert des nations apparaît bien sombre ces derniers temps.
L’avenir nous est inconnu et peut nous entraîner vers un sentiment instinctif de peur et de repli. Si la peur de l’inconnu déclenche l’instinct de survie depuis la nuit des temps, nous ne sommes aujourd’hui plus des êtres primitifs qui avons besoin de cet instinct de survie. Nous avons les moyens intellectuels de vivre plutôt que de survivre. J’ai donc aussi le grand espoir que Meyrin embrasse son destin futur sans peur, et rejette pour toujours le repli sur soi, la peur de l’étranger, et le rejet de la différence qui nous divisent alors que nous devons avancer ensemble et en confiance vers demain.
Mesdames et Messieurs,
Il y a quelques semaines, sur cette même campagne Charnaux, je délivrais un message pour les élèves du cycle d’orientation de la Golette qui avaient achevé leur année et s’apprêtaient à poursuivre leur formation dès la prochaine rentrée. Mon message avait pour thèmes les rêves, le respect et l’espoir. Je ne vais vous relire l’intégralité de ce discours, mais j’aimerais conclure mon message de ce jour avec une citation que j’ai utilisée lors de mon discours aux élèves de la Golette, parce que généralement dans un discours, il y a toujours une citation. C’est un peu une tradition.
Comme Meyrin est aussi une ville de culture, c’est bien souvent dans cet univers culturel que l’on trouve les références qui nourrissent nos valeurs et qui nous accompagnent dans nos chemins de vies respectifs. Toujours sur le thème de l’espoir, j’aimerais vous rappeler ce dialogue d’une saga cinématographique très connue que je trouve particulièrement juste en cette période :
L’espoir, c’est comme le soleil : si vous n’y croyez que quand vous le voyez dans le ciel, alors vous ne passerez pas la nuit.
Mon dernier clin d’œil, je l’envoie en direction de ma famille et tout particulièrement en direction de ma compagne. Car ce n’est que grâce au soutien et la compréhension de nos conjoints que nous pouvons accomplir les tâches exigeantes d’un mandat de magistrat communal.
Et comme il s’agit ici de mon dernier discours du 1er Août en tant que maire de Meyrin, j’aimerais remercier toutes celles et tous ceux qui m’ont adressé au cours de ces 4 dernières années des messages d’encouragement, de soutien et de reconnaissance. Une reconnaissance que je vous exprime également pour la confiance qui m’a été accordée en me confiant l’immense honneur d’assumer ce rôle officiel.
Je vous remercie pour votre attention, et vous souhaite à toutes et tous une magnifique et lumineuse soirée du 1er Août à Meyrin.