Un budget communal 2023 validé en conformité avec le programme électoral des Vert.e.s
Claudine Murciano-Helfer
Conseillère municipale
Comme dans toutes les communes genevoises, Meyrin a accouché dans la douleur d’un budget pour l’année 2023. Il ne sera pas contesté par référendum, puisqu’il a pu être largement amendé lors de débats en commissions comme en deux séances plénières. Mais on aurait pu nettement mieux faire, si les orientations avaient pu être discutées en amont. Certain.e.s se sont étonné.e.s que les Vert.e.s osent remettre en question un budget présenté par un exécutif de gauche. On a même prétendu que les Vert.e.s avaient conclu une alliance avec le PLR et l’UDC dans le but de modifier certaines lignes budgétaires. D’entrée, soulignons que les Vert.e.s de Meyrin-Cointrin sont fidèles à leur programme électoral 2020 2025 et aux engagements pris vis à vis des citoyen.ne.s qui les ont élu.e.s. C’est là la seule alliance à laquelle les Vert.e.s sont lié.e.s. Dès lors, le groupe vert s’efforce de défendre une vision politique verte, inclusive et solidaire. Cette politique est parfaitement transparente et cohérente. Il est vrai en revanche que ce qui ressort des travaux d’un Conseil municipal composé de six partis politiques différents n’est pas forcément toujours compréhensible ou cohérent.
Meyrin à l’heure des choix
Le contexte géopolitique et économique actuel, l’évolution plus rapide que prévue du changement climatique et de ces conséquences dramatiques nécessitent qu’aujourd’hui dans toutes les politiques publiques des choix soient faits qui remettent nos modes de vie en question, mais pas nos valeurs de solidarité avec les personnes les plus touchées par ces crises, qu’elles vivent ici ou ailleurs. Il est aujourd’hui évident pour tout le monde que nous ne pouvons pas continuer à
augmenter nos dépenses, qu’il est temps de se diriger vers un budget de sobriété et d’efficience, mais non un budget d’austérité et cela d’autant moins si celle ci se fait au détriment des plus faibles et renforce des inégalités déjà criantes. Élaborer un tel budget est un véritable défi et offre des opportunités, cela demande du courage, de l’inventivité, de la créativité et un débat de société qui doit inclure la société civile et ne peut se limiter au sérail politique. Aujourd’hui, les partis politiques, comme les administrations communales se doivent de relever ces défis. Or, ce n’est pas le budget qui a été présenté à Meyrin, un budget qui n’a satisfait personne, mais sur lequel nous avons tout de même tenté d’exercer une influence positive.
Il était notamment peu opportun de proposer de réduire les annuités pour une partie des collaboratrices et collaborateurs auxquel.le.s on demande aujourd’hui un effort supplémentaire en terme d’engagement. En revanche, le Conseil administratif a eu raison de proposer une indexation de 3 % sur la vie chère pour compenser une perte du pouvoir d’achat. L’impact de l’indexation sur les salaires n’étant toutefois pas équitable, nous proposons une réflexion sur la manière dont cette indexation est calculée, pourquoi ne pas imaginer un pourcentage calculé sur la moyenne de l’ensemble des salaires et attribué à toutes et tous, ceci éviterait d’augmenter les écarts entre les différentes classes salariales.
D’autre part, les Vert.e.s sont opposé.e.s aux coupes linéaires dans l’ensemble des dépenses sur lesquelles les communes ont un pouvoir de décision. Ces coupes signifient un refus d’opérer des choix, de discuter le sens des dépenses dans le contexte actuel. S’il est évident qu’au vue de l’urgence climatique, reconnue par l’ensemble des groupes, des économies importantes sont non seulement possibles, mais nécessaires pour atteindre une sobriété énergétique, dans d’autres domaines, notamment dans la solidarité, elles sont particulièrement inadéquates, cela d’autant plus que la situation économique en Suisse est bien meilleure qu’ailleurs et que les prévisions de recettes fiscales de l’État sont toujours largement en dessous de la réalité. Meyrin peut ainsi supporter le cas échéant un exercice déficitaire. Cette commune relativement riche a également les moyens d’investir dans l’efficience énergétique et l’adaptation de l’espace public au réchauffement climatique et d’apporter un soutien conséquent aux projets de la société civile qui contribuent à la cohésion sociale et à relever les défis auxquels nous sommes confronté.e.s.
Le principe de contribution de solidarité internationale mise à mal en 2023
Les Vert.e.s sont très déçus que le Conseil municipal avec le soutien des Socialistes et du Centre aient accepté de réduire le budget alloué à la coopération internationale, qui à Meyrin s’élevait jusqu’à l’an dernier à 0,7 % du budget de fonctionnement. Par nos amendements, nous avons tenté, en vain, de relever cette somme et de proposer des réductions de charges ailleurs. Comment le Conseil municipal a-t-il pu refuser notre amendement de relever de CHF 36’000 la ligne dédiée à la coopération internationale ?! Nous avons également déploré le manque d’ambition en terme d’économies d’énergie, qui auraient permis à notre commune d’afficher une volonté politique de réduire ses dépenses en cohérence avec l’urgence climatique et non au détriment des plus vulnérables, ici ou ailleurs. Et cela d’autant plus que de nombreux habitant.e.s ont de la peine à comprendre pourquoi on leur demande de faire des efforts personnels, alors que la Commune laisse ses écoles et ses installations sportives souvent allumées toute la nuit ! L’État se doit de montrer l’exemple.
Les Vert.e.s de Meyrin-Cointrin ont soutenu dans le passé, dans les années de vaches grasses, les augmentations d’impôts, des augmentations indolores pour la population, mais permettant d’anticiper les crises à venir. Nous avons également répété que ce ne serait pas lorsque le pouvoir d’achat baisse, que les coûts de l’énergie et de la santé augmentent, que l’emploi est menacé que l‘on pourrait en rajouter une couche en augmentant les impôts. C’est donc encore une fois en toute cohérence avec leurs discours passés que les Vert.e.s se sont opposé.e.s à une augmentation d’impôt dans le contexte actuel.
Le groupe vert estime avoir fait son devoir d’élu.e.s en proposant des modifications sur ce qui pouvait être amélioré. Il a eu gain de causes sur quelques points, perdu sur d’autres, tenté de défendre une orientation politique responsable, inclusive et solidaire en vue des futurs budgets et a finalement accepté, sans enthousiasme ni conviction, un budget qui permet à la Commune de «fonctionner», mais qui n’est pas un budget à la hauteur des défis d’aujourd’hui.
Le budget 2023 est voté, mais le débat est loin d’être clos et concerne l’ensemble des Meyrinois.e.s.