De nos jours et sous nos latitudes, on se préoccupe de plus en plus de la qualité et de la composition de notre alimentation. De plus en plus de personnes optent pour une alimentation végétarienne que ce soit pour des raisons écologiques, diététiques, par répugnance de manger des animaux ou encore par respect de rites religieux. D’autres, sans pour autant renoncer à la viande en diminuent la consommation. Ce sont des préoccupations de riches, diront certains. C’est une question personnelle diront d’autres, la politique n’a pas à s’en mêler. Les Verts ne sont pas de cet avis.

Une question de société importante …
La question alimentaire est aujourd’hui une préoccupation majeure que les changements climatiques rend encore plus aiguë. Elle n’a rien d’une problématique privée. Elle implique tout le monde, des grandes organisations internationales, des gouvernements jusqu’aux collectivités locales et aux familles. La crise alimentaire actuelle qui se traduit par une augmentation dramatique de la faim dans le monde et de la « malbouffe » chez nous a des causes multiples. Une des causes est le modèle de « viande à tous les repas » qui, en Suisse, se répand dès les années 60 du siècle dernier. Or, il faut au moins dix fois plus de terres agricoles pour obtenir un kilo de protéines animales que pour un kilo de protéines végétales. Les terres disponibles sur la planète n’y suffisent pas. Cette pénurie fait augmenter le prix des céréales. Tous les programmes scientifiques visant à éradiquer la faim dans le monde et à offrir une alimentation de bonne qualité aux habitants d’ici et d’ailleurs recommandent de sauvegarder les terres agricoles et de diminuer la production et consommation de viande.

…. au niveau communal également
A Meyrin aussi, les gens s’intéressent de plus en plus à ce qu’ils mettent dans leur assiette conscients des incidences que cela a pour leur santé et celle de leurs enfants. De nombreux parents se soucient par conséquent également des repas servis dans les restaurants scolaires et souhaitent aujourd’hui que les autorités communales se saisissent de la question puisque ce sont elles qui décident.

Même si les restaurants scolaires proposent parfois un menu sans viande, les repas avec viande restent la norme. Certes les enfants ne sont pas contraints de manger la viande qui est dans leur assiette, mais l’absence d’alternative sans viande provoque ainsi un gaspillage. Une solution sans viande l’éviterait et permettrait de baisser le prix du repas ou d’en améliorer la qualité en proposant par exemple plus d’aliments biologiques.

…… qui fait débat (pour autant qu’on accepte de débattre)
La résolution que j’ai présentée lors de la dernière séance du Conseil municipal au nom des Verts et qui demande simplement qu’une alternative végétarienne soit proposée lors de repas avec viande dans les restaurants scolaires, a soulevé un tollé dans les rangs du MCG, du PLR, de l’UDC et du PDC. Majoritaires, ils avaient décidé de voter la « non entrée en matière » refusant même d’en débattre. Grâce aux partis de l’Alternative et de quelques courageux dissidents à droite, la résolution a finalement été renvoyée en commission. Les Verts étaient accusés de vouloir imposer un régime alimentaire aux enfants alors que nous nous opposons précisément à l’imposition d’un menu « avec viande » et prônons la liberté de choix entre protéines animales et protéines végétales. Le danger de carences alimentaires était avancé pour rejeter notre proposition, alors qu’aujourd’hui, on ne propose aucune autre protéine aux enfants qui refusent de manger de la viande créant ainsi potentiellement un risque de carence. En France, un décret ministériel précise les grammages minimaux en protéines dans les cantines scolaires. Ce décret destiné à assurer une qualité minimale des repas n’empêche aucunement la fourniture de plats végétariens, souligne le ministère de la Santé.

Une autre tactique a consisté à nous accuser de vouloir introduire un menu à la carte et répondre ainsi à toutes les demandes particulières, alors que nous cherchons précisément à éviter cet écueil en proposant de limiter l’offre à deux options sur un seul élément du repas. Dans de nombreuses cantines scolaires du monde, cette liberté de choix est une évidence. Mais à Genève elle semble trop compliquée à introduire. C’est évidemment absurde et les défenseurs de la « non entrée en matière » le savent également. C’est sans doute pourquoi, ils ont voulu éviter d’en débattre et de réfléchir aux conséquences éminemment politiques de nos choix alimentaires sur la santé, l’avenir de notre pays et de la planète. Voilà un bel exemple de démocratie ! Les Verts continueront à soulever des questions de société qui font aujourd’hui encore débat, mais qui sont des questions de santé publique urgentes et qui ne sauraient être renvoyées à plus tard.

Alejandra Tschudi Spiropulo, conseillère municipale, juin 2014