Esther Hartmann

conseillère municipale

Ces démarches en démocratie participative sont fortement liées à la constatation de l’existence d’un décalage entre une situation d’urgence climatique mise en évidence par la majorité des recherches en la matière et l’action politique et des gouvernements. Peu de personnes remettent en cause la nécessité d’agir pour lutter contre le dérèglement climatique, pourtant peu de gouvernement mettent en route de réelles politiques visant à enrayer les processus destructeurs en cours. Les enjeux économiques et territoriaux priment sur l’avenir de notre planète.

Comment rendre plus effective notre démocratie ? Y aurait-il une manière d’accélérer les processus législatifs et décisionnels afin de permettre, enfin, la mise en place de mesures ayant un réel impact sur l’environnement ?

Plusieurs expériences en démocratie participative ont eu lieu dans le monde (Etats-Unis et Europe), cela afin de renforcer l’émergence d’une action politique efficace en matière gouvernementale.

En quelques mots, cette démarche a lieu en plusieurs étapes successives : la définition d’une problématique et d’une mission, la constitution d’un groupe de citoyens tirés au sort mais représentatifs de la population d’un lieu (âges, genres, sensibilités politiques), une phase de formation du groupe avec la mise à disposition d’informations rigoureuses (basées sur des faits reconnus), la constitution d’ateliers de réflexions chargés d’élaborer des propositions, puis l’acceptation ou le refus de ces propositions en plénière. Ces dernières sont ensuite relayées au mandataire de l’assemblée.

Plusieurs constatations ont été faites à la suite de ces différentes expériences. A la suite des informations fournies par les expert-e-s, la majorité des participant-e-s voient leur opinion quant à la problématique évoquée évoluer considérablement. Par exemple, des personnes sceptiques quant à la notion du dérèglement climatique considèrent, après avoir reçu des informations détaillées et précises, qu’il est indispensable d’établir de vraies mesures en faveur de l’environnement même si elles paraissent impopulaires dans un premier temps. De nombreux participant-e-s souhaitent étendre cette expérience et organisent des assemblées de ce type près de chez elles. L’action citoyenne se voit ainsi renforcée.

Surtout, plus les assemblées durent, plus les propositions issues des débats sont variées et riches.

Cependant, force est de constater que peu de propositions sont reprises telles quelles par des gouvernements intéressés. L’influence politique directe parait donc encore trop restreinte. Ces assemblées ont donc principalement un effet sur la diffusion de l’information au sein de la population et sur l’implication citoyenne des participant-e-s eux/elles-mêmes dans la vie associative et politique de leur communauté.

Le seul rôle consultatif ne suffit donc pas. Le défi consiste plutôt à trouver un moyen de renforcer l’influence directe de ces assemblées sur les autorités gouvernementales des différents pays. Est-ce qu’il faudrait leur accorder un pouvoir législatif direct, les intégrer aux différents parlements ou les intégrer directement dans les gouvernements, et si oui, sur quelles modalités ?

Pourquoi ne pas s’intéresser à ces modèles sur de plus petits territoires, au niveau communal par exemple ?

Meyrin pourrait se mettre à l’avant-garde d’une telle démarche. Pourquoi ne pas réfléchir à la constitution d’une assemblée citoyenne meyrinoise liée à une problématique particulière, bien ciblée et limitée dans le temps ? Il s’agirait alors de garantir à cette assemblée un réel pouvoir décisionnaire. Trouvons donc une thématique précise et bien définie à Meyrin. Reste à réfléchir au sein du Conseil municipal et du Conseil administratif sur le rôle et le pouvoir particulier de cette assemblée. Ce n’est qu’en précisant son rôle et son pouvoir précis que cette assemblée pourrait enrichir et rafraîchir la politique meyrinoise.

Dans le cas contraire, une telle assemblée se réduirait à un rôle prétexte et les participant-e-s ne pourraient que se sentir lésé-e-s à plus tong terme.