Chères Meyrinoises, Chers Meyrinois,
Chers Invités en vos titres et fonctions,
Chers visiteurs et Ami.e.s de Meyrin,
Mesdames et Messieurs,

J’ai le grand plaisir de pouvoir vous adresser quelques mots au nom du Conseil administratif, en présence de mes collègues Nathalie Leuenberger et Laurent Tremblet, pour cette journée de Fête nationale à Meyrin. Cette année encore, nous célébrons la Suisse ensemble mais différemment. Certains symboles résistent heureusement aux aléas de cette période si particulière : l’aubade de la Musique municipale de Meyrin, la lecture du pacte, les chants patriotiques ou encore les traditionnels bols du 1er Août, sans soupe certes, mais tout de même.

Cette envie ou ce besoin de célébrer reste très présent dans nos cœurs. Quand nous sommes limités dans nos mouvements, parfois confinés, ou immobilisés, il s’exprime assez naturellement une volonté forte et un espoir tout aussi intense de retrouver nos libertés. C’est dans notre nature humaine profonde. Nous avons besoin de contacts, d’échanges, de moments de partage, et si possible sans contraintes. Au plus fort du confinement il y a plus d’une année, il nous apparaissait indispensable d’ouvrir les fenêtres et de squatter les balcons, pour parler à nos voisins, pour partager de la musique dans le quartier, ou pour applaudir pendant quelques instants les nouveaux héros d’un quotidien chamboulé dans un avenir alors plutôt incertain.

Depuis quelques semaines, la vie reprend peu à peu son cours ordinaire, avec le retour des manifestations, et des compétitions sportives notamment. J’ai pu constater récemment que ce besoin de partager sa joie, par exemple quand la Nati s’est hissée en ¼ de finale de l’Euro, a permis de réactiver ces moments empreints d’une certaine magie où chacune et chacun peut exprimer ses sentiments par des applaudissements aux fenêtres et aux balcons. Nous n’oublions évidemment pas les héros d’hier qui restent encore aujourd’hui mobilisés avec courage et persévérance sur le front sanitaire, mais nous nous réjouissons quand même aussi de fêter les exploits de nos athlètes suisses, signe plutôt réjouissant d’un retour progressif à la vie d’avant. Des exploits sportifs que beaucoup continuent à suivre en découvrant les brillants résultats de la délégation suisse aux jeux olympiques de Tokyo. Un palmarès helvétique qui voit d’ailleurs les représentantes féminines se tailler la part du lion, ce qui est à relever en cette année du cinquantième anniversaire de l’octroi de droit de vote des femmes au niveau fédéral !

Ce besoin d’échanges, ou cette volonté de retrouver quelques éléments de libertés qui ont malheureusement du être réduits face au danger que représente une pandémie, ont par contre remis en lumière un autre danger. La situation de notre pays dans le concert des nations est parfois enviable : haut niveau d’instruction grâce notamment à des hautes écoles performantes, excellente couverture de santé et forte prospérité économique même si tout ceci ne profite de loin pas à l’ensemble des habitants. Nous sommes parfois aussi victimes des effets pervers d’une mondialisation face à laquelle d’aucuns opposent continuellement notre neutralité ou notre souveraineté. S’il est bien une chose que la pandémie nous a apprise, c’est que la santé est un enjeu global, qui se moque des frontières étatiques, ou des déclarations partisanes. Et cette connexion à haut-débit de la Suisse avec le reste du Monde nous place encore et toujours devant un défi majeur : celui d’assurer auprès de la population une communication optimale, emprunte de clarté, mais aussi de vérité.

Dans les messages qui sont adressés par les gouvernements, il ne devrait y avoir aucune marge dans notre capacité d’interprétation. Car sous prétexte de chercher à protéger la part la plus influençable de nos concitoyens, on autorise de fait l’émergence du doute, puis de la peur. Or, comme le déclarait le président américain Franklin Delano Roosevelt dans son discours d’investiture en 1933, « la seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même. » J’ajoute que c’est encore plus vrai en temps de crise. Communiquer de manière transparente et dans la vérité, c’est la seule manière efficace d’éviter de semer le doute, la peur, et finalement d’empêcher l’émergence de ces fameuses fake news qu’il faut absolument combattre.

Ce qui me permet de faire le lien avec un autre enjeu essentiel et qui dépasse également très largement les frontières communales ou nationales. Les différents rapports scientifiques ou d’expert du climat et de la préservation de l’environnement font très souvent l’objet d’attaques d’opposants plus soucieux de la bonne santé de leurs chiffres d’affaires que de la santé de notre planète et du monde vivant qui l’occupe. Les rumeurs et les démentis se multiplient, laissant à une population fortement désarmée face aux messages contradictoires qu’elle reçoit, la difficile tâche de démêler le vrai du faux. Les populations sont majoritairement emprisonnées dans une précarité économique telle, qu’elles ne peuvent pas ou difficilement modifier leurs modes de consommation vers un modèle plus durable. C’est pourquoi la commune de Meyrin souhaite agir dès que possible et dès à présent sur une dynamique de durabilité, notamment dans le domaine essentiel de l’alimentation. Parce que nous sommes persuadés que le choix de pouvoir accéder à une nourriture saine et durable, ne doit pas être réservée qu’aux seules personnes qui en auraient les moyens financiers. Nous sommes aussi certains que c’est dès le plus jeune âge que l’on acquiert les bonnes habitudes et les bons réflexes d’une alimentation qui apporte santé et plaisir, plutôt que maladie et contraintes.

Ce n’est certainement et de loin pas le seul axe sur lequel nous devons agir, pour de meilleurs lendemains, pour nous comme pour nos enfants. Nous agirons aussi, à la hauteur de nos moyens et de nos compétences au niveau communal, sur d’autres moyens d’améliorer la qualité de vie des meyrinoises et des meyrinois, et participer ainsi, tel le petit colibri, au long processus de guérison de notre planète pour le bien et la santé de tous ces occupants.

Il peut nous sembler exister peu de certitudes sur la tâche à accomplir. Mais pour les vaillants habitants des vallées d’Uri, Schwytz et Unterwald qui devaient trouver un moyen d’assurer à leurs familles un avenir plus sûr il y a plus de 700 ans, l’espoir a été un élément essentiel pour alimenter la volonté d’y parvenir. Et malgré les incertitudes et la peur, ils y sont arrivés. Il n’y a donc pas de raison que nous ne puissions pas faire de même aujourd’hui. Gardons l’espoir de pouvoir bâtir un avenir plus sûr et plus sain, les uns avec les autres plutôt que les uns contre les autres.

Un monde pour tous, et tous ensemble pour une planète en bonne santé. Voilà comment la devise de notre pays pourrait évoluer pour en faire la devise de l’humanité en ce 21ème siècle.

Au moment de conclure, je souhaite adresser ma profonde reconnaissance et mes plus chaleureux remerciements, à toutes les petites mains qui ont contribué à l’existence de cette fête du 1er Août 2021 à Meyrin, dans un concept original et agile pour coller aux contraintes de la situation sanitaire. Bravo et merci ! Et je vous remercie également pour votre présence sur cette place des Cinq-Continents, et pour votre aimable attention.

Vive Meyrin, Vive Genève, Vive la Suisse… et santé !

(Crédit photo : Barbara Genecand – AHVM)

Eric Cornuz

Maire de la Ville de Meyrin (2021-2022)