Maurice Amato

Comme chaque année, le Conseil municipal vote en fin d’année le budget de l’année suivante. C’est un moment particulier d’affrontements politiques. Cette année, la population meyrinoise a encore augmenté avec l’arrivée de nouveaux habitants, que ce soit dans le quartier des Vergers, dans les immeubles surélevés de la cité ou encore dans les constructions récentes à Cointrin. Le montant des impôts de ces nouveaux contribuables reste inconnu. Le Conseil administratif a donc préféré présenter un budget très prudent qui ne permet pas de continuer à assurer entièrement le niveau de prestations auxquelles les Meyrinois sont habitués.

En effet, notre population va augmenter de près de 20 % en 4 ans. Aujourd’hui, l’administration communale, malgré l’engagement l’an dernier de nouveaux collaborateurs et collaboratrices, ne dispose pas des ressources suffisantes pour assumer l’entièreté de ses tâches.

Mais pour éviter de se retrouver en fin d’année sans budget ce qui aurait encore péjoré la situation et dans un souci de sauver l’essentiel, les Verts et les Socialistes ont soutenu et voté le budget pour 2019 sans enthousiasme.

Malgré ce projet de budget frileux, la droite (PLR ; PDC ; UDC et MCG) a présenté des amendements visant à réduire encore les prestations à la population. La majorité de ces amendements n’ont pas abouti, les conseillers municipaux du PDC acceptant de suivre leur magistrat qui s’est fortement engagé, avec ses deux collègues vert et socialiste, dans la défense de ce budget de compromis

Il est intéressant de constater que les partis de droite refusent systématiquement de réduire leurs indemnités. Ainsi, ils ont refusé une proposition du PS et des Verts de limiter fortement le nombre de commissions politiques élargies, parfaitement inutiles, mais coûteuses en jetons de présence.

Les Verts estiment qu’il est nécessaire de développer des politiques publiques claires et précises. Nous sommes conscients que les ressources financières de notre commune sont limitées comme celles de notre planète. Il est donc indispensable de les gérer en respectant  les équilibres délicats qui préservent aux mieux les ressources disponibles Nous privilégions une vision durable de la gestion communale, que cela concerne notre environnement, la mobilité, nos loisirs ou nos finances. En revanche, nous refusons que des économies soient faites sur le dos des plus vulnérables et de renier nos valeurs fondamentales de solidarité.

Pour lutter contre l’isolement, la marginalisation et les injustices il est important de soutenir les infrastructures sociales et associatives de la commune, et surtout de ne pas supprimer les structures permettant de vrais lieux d’échanges, de rencontres et de partages. Pourtant cette année, la droite a refusé à l’unanimité, de financer l’engagement d’un cuisinier permettant d’offrir, à des prix abordables, un repas de midi sain et équilibré, à Meyrin-les-Bains. Ces repas de midi ont rencontré, ces dernières années, pourtant un franc succès, notamment auprès des aînés. Ils permettaient à des personnes ne partant pas en vacances de se rencontrer et de vivre des moments de convivialité dans une ambiance estivale.

Face à l’urgence climatique, il est important pour toutes les villes de se donner les moyens de préparer la transition écologique et économique qui doit avoir lieu. Nous devons nous donner les moyens politiques, financiers et logistiques pour y arriver. Cela passe aussi par l’encouragement et l’implication des citoyens de notre commune, le développement d’une économie de proximité, d’une agriculture locale et urbaine ainsi que par le développement d’une politique des achats publiques responsables et durables.

En résumé, le Conseil municipal dans sa majorité actuelle n’a pas encore pris du tout la mesure des changements qui vont intervenir et que nous préférons anticiper plutôt que subir. Ralentir des projets qui servent à mieux nous y préparer, diminuer les prestations à la population qui contribuent à la cohésion sociale auront des conséquences désastreuses à long terme. La procrastination budgétaire n’est pas une solution. Une prise de conscience politique de la situation planétaire et des incidences sur notre vie quotidienne future est indispensable pour que les  priorités budgétaires répondent réellement aux besoins des habitants actuels et des générations futures.